Témoignages de parents Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Administrator   
14-09-2007

Souvent sidérés, angoissés et désorientés par le handicap de leurs enfants, beaucoup de parents ont trouvé à la crèche « La Maison des Poupies » une attention, un conseil et une vision du handicap inestimables. Egalement favorisés par la grande convivialité des lieux, les moyens de rencontres (réunions de travail ou...apéritifs) sont fréquents et resserrent encore les liens entre parents.

Témoignage de la maman de Clara 

Sans fracas, ni chavirement…C’est tout doucement que  la différence de Clara a pris corps. Je n’ai pas connu d’annonce fatale, de verdict cinglant. Les premiers doutes sont arrivés à l’approche de ses un an. La ronde des examens médicaux a duré plusieurs mois pour, à ce jour encore, ne donner qu’un diagnostic à peine certifié. C’est donc Clara qui a joué les éclaireurs sur sa propre petite personne, en nous indiquant le chemin qu’il fallait suivre pour bien l’accompagner; Elle, qui a marqué de son tempo ralenti les étapes de son développement. Bébé, elle est restée 2 années, à se nourrir du seul giron maternel. Quel univers allait lui donner l’envie de quitter mes genoux pour rentrer de plain-pied dans la vraie vie ? Clara commença son aventure aux Poupies, à pas comptés. D’abord sur la réserve, elle resta des semaines entières, à l’écart des autres. Du haut de son retrait, elle choisit d’observer. Douce mais craintive, longtemps elle préféra regarder. Puis elle commença à jouer, mais toujours seule, de son côté. 

Alors tout doucement, les progrès sont enfin arrivés.

Ce temps a pris des mois, mais c’était le temps, précieux et nécessaire, pour que Clara sorte de sa bulle, ne se replie pas sur elle, même en cas d’échec, pour qu’elle prenne confiance en elle, apprenne à avoir confiance dans les autres. 

Clara apprend par imitation. Elle ne pouvait rêver meilleurs maîtres que d’autres enfants, suffisamment valides et bien-portants pour la tirer vers le haut.

Clara apprend par répétition. Elle ne pouvait souhaiter meilleur rythme, au contact quotidien de ses petits compagnons, pour modeler son comportement sur une norme.

Clara apprend par stimulation. Elle ne pouvait espérer meilleur entourage, parmi les siens. Intégrée à sa classe d’âge, c’est par le plaisir du jeu qu’elle est allée de l’avant, sans assistance médico-sociale, sans forcing, le plus naturellement du monde.

 

Aujourd’hui, Clara rit, joue, se chamaille avec les autres. Elle n’aime plus les longues journées à la maison, elle s’y ennuie vite… Clara s’est ouverte sur le monde. Parfois, des enfants de la crèche la croisent dans la rue, des enfants que je ne connais pas et qui l’interpellent... Clara a sa propre vie. N’importe quelle crèche aurait pu faire cela, Clara ne nécessite aucun soin particulier, juste une compréhension plus attentive. Pourtant, ce fut la Maison des Poupies qui l’accueillit et lui offrit ainsi  le don inestimable de son autonomie.

   Témoignage des parents de Léna 

Je me souviens …

Je me souviens de la naissance difficile de Léna, de ses tuyaux d’oxygène sous le nez, de longues journées passées à l’hôpital à attendre …

Je me souviens du pédiatre nous demandant si nous avions une solution de garde pour Léna, et devant nos mines de lapins pris dans des pleins phares, décrochant son téléphone : « Allo, Michèle, est ce que je peux t’envoyer deux personnes ? ».

Je me souviens d’une matinée moite de la fin du mois d’août, et de Léna, les yeux grands ouverts sur un monde qu’elle découvrait depuis un mois et demi, de ces fameux tuyaux reliés à leur bonbonne, d’un capteur bipant sans arrêt, de notre grande fatigue …

Je me souviens de la petite voix de Michèle Meignier, nous expliquant qu’elle ne voyait pas où était le problème à accueillir une enfant sous oxygène, qui se tortille sous l’effet d’une digestion catastrophiquement gastrique et qu’il n’y avait aucune difficulté pour commencer l’adaptation quand nous le voulions !

Je me souviens de cette grande maison, de cet escalier baigné de lumière, de ce grand jardin, de tous ces enfants, assis, debout ou couchés, parlant ou non, mais ensemble …

Je me souviens de cette simplicité : un coup de téléphone, une visite, et de ce grand soulagement. La confiance, ça ne s’explique pas, ça se transmet …

Je me souviens de la douceur et de la patience incroyable de tout le personnel : « Non, Léna n’a pas beaucoup mangé ». « Léna a eu des massages ce matin, elle a adoré ! ». « Non, Léna n’a pas beaucoup dormi aujourd’hui ».

Je me souviens de Nadia, Sophie, Karine, qui m’accueillent un soir en me disant « Chut, elle s’est endormie » et du hamac se balançant doucement.

Je me souviens de Léna, toujours pas assise, toujours dans son monde, et toujours à l’étage des petits. Et de la gentillesse jamais démentie de l’ensemble de ces femmes.

Je me souviens des premiers doutes, des angoisses jamais éteintes … Léna n’éclôt pas au monde comme les autres.

Je me souviens de Michèle Meignier qui nous écoute, le soir, dans nos démêlés avec le corps médical, paramédical. Son bureau est toujours ouvert.

Je me souviens de l’idée qui progresse et qui fait son chemin : Léna est différente. Mais jamais dans le comportement, l’affection et l’attention que lui portent toutes celles qui s’en occupent.

Je me souviens du diagnostic qui se précise, des consultations qui se spécialisent, du CAMSP au généticien.

Je me souviens du rôle discret de la crèche pendant cette période. Par petites touches, nos âmes de parents ont été un peu préparées.

Je me souviens d’être allé chercher Léna un vendredi après-midi, les yeux rouges et le cœur en vrac. Le verdict était tombé, et il a touché sincèrement tout le monde.

Je me souviens que ce nouveau cycle s’est finalement accompagné de grands progrès pour Léna. Définitivement, son attention a été plus soutenue, elle a enfin suivi les gens du regard, et a partagé beaucoup de rires avec ses proches amies, les auxiliaires de puériculture. Elles ont été enchantées de voir Léna assise, puis ravies de la voir tenir debout. Et Léna a trouvé son équilibre, son rythme, son environnement, dont la crèche fait indéniablement partie. Entourée d’autres enfants, qui la connaissent et l’appellent.

Et toujours l’oreille attentive de la directrice, qui n’hésite jamais à nous donner un avis clair lors de décisions à prendre. Un avis qui compte double.

 

Et puis aujourd’hui, une autre porte s’ouvre… dans un établissement. Il était grand temps pour Léna d’aller voir ailleurs, dans un univers plus clos mais plus spécialisé. Elle est tellement grande que la crèche ne lui suffisait sans doute plus. Je ne sais pas pour qui cela est le plus difficile. Quatre ans où toutes ces professionnelles ont participé à faire de Léna ce qu’elle est : une belle enfant curieuse, sensible et tellement souriante.

Mais pour nous, il reste encore une raison d’aller à la crèche : le petit frère occupe la place pour un an !

Dernière mise à jour : ( 19-02-2011 )
 
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